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Portrait de Beatriz Rego Fernandez, présidente-fondatrice de Corres Transformation

Portraits

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02/10/2020

Entretien avec Beatriz Rego Fernandez
(Promotion « Marc Bloch » Cycle international long-1997)
Réalisé par Marie-Christine Armaignac, en juillet 2020,
pour la Commission Egalité Femmes-Hommes AAEENA


Alors que de nombreuses études montrent que la présence de femmes dans les comités de direction est un facteur de performance, elles ne représentent que 20 % dans les sociétés cotées du CAC 40 et du SBF 120. Imposer un objectif de 40%, en ligne avec les conseils d’administration, est un moyen d’accélérer la présence de femmes dans les instances décisionnaires et de contribuer à la performance des entreprises. Une femme, élève étrangère de l’ENA et spécialiste de la transformation d’entreprise témoigne.


Née en Espagne et formée au Lycée français puis à l’Université Pontificia Comillas de Madrid, Beatriz Rego a rejoint le cycle international de l’ENA en 1997. A sa sortie de l’école, elle s’est spécialisée dans le domaine de la finance dans des environnements internationaux, d’abord à Madrid, en « corporate finance », à la Banque Indosuez puis chez Deloitte. A partir de 2003, elle a travaillé à Paris au sein de grands groupes ; d’abord chez Arcelor, où elle a été Directrice financière de la ligne métier des aciers pour emballage, membre du Comex et administratrice de quatre entités à l’international. Ensuite, chez Veolia, où elle a occupé différentes fonctions sur l’ensemble du groupe, notamment Directrice en charge du pilotage économique de la transformation, puis Directrice des plans de performance opérationnelle et commerciale. Récemment, elle a créé son entreprise et lancé une activité d’accompagnement de la transformation et d’optimisation de la performance : Corres Transformation ( www.correstransformation.com ). 


Pourquoi avoir choisi de faire l’ENA et qu’y avez-vous trouvée ?
J’avais entendu parler de l’ENA pendant mes études au Lycée français et je souhaitais m’enrichir d’une expérience à l’étranger.

Je n’ai pas été déçue : l’ENA est une excellente école de formation appliquée, grâce notamment à la qualité de ses maîtres de conférence et au caractère concret des dossiers étudiés. On y apprend à développer sa capacité d’analyse et de synthèse dans des situations très différentes. Et la richesse des échanges au cours des séminaires, grâce à la taille des effectifs de la promotion, nous permet de tisser des liens privilégiés avec des élèves de vingt-cinq nationalités différentes. C’est de la vraie multiculturalité !

L’ambiance dans notre promo était très conviviale, loin de ce que l’on peut lire dans la presse. J’ai du plaisir à revoir mes anciens collègues.


Avez-vous conçu très jeune, par exemple dès la scolarité à l’ENA, votre trajectoire professionnelle, et comment s’est-elle plus nettement dessinée ?
A la sortie de l’ENA, je n’avais pas de trajectoire définie, mais un fil conducteur : l’international et la finance.

La richesse d’un parcours varié m’a permis de développer l’ouverture d’esprit, la capacité d’adaptation, la négociation, la communication et le management d’équipes.

L’ensemble de ces expériences aide à aborder sereinement les temps de crise et la complexité de certaines situations.


Avez-vous rencontré des difficultés particulières, en tant que femme ?
Etre une femme ne m’a pas posé de problème dans ma carrière professionnelle, jusqu’au moment où je suis devenue mère de famille. Et alors, j’ai vraiment constaté la difficulté pour obtenir des promotions, à profil équivalent !

Sur l’égalité femme / homme dans la gouvernance des entreprises, pensez-vous que l’atteinte de la parité doive se faire par une nouvelle loi?

Sous prétexte qu’il n’y aurait pas de vivier interne de femmes, la mixité des Comités de direction ne se concrétise pas. C’est un sujet qui est souvent considéré comme secondaire dans les organisations, et la crise actuelle semble le confirmer.

Donc, je pense que tant qu’il n’y aura pas d’objectifs chiffrés de présence de femmes dans les comités de direction ou comités exécutifs, il sera très difficile de faire évoluer la situation à moyen terme. Les préconisations des études menées par Grandes Ecoles au Féminin (GEF) sont toujours d’actualité.


Et quelles mesures avez-vous souhaité plus particulièrement mettre en œuvre, à votre niveau ?
J’ai veillé personnellement, chaque fois que je l’ai pu, à promouvoir dans mon équipe la mixité, dans un objectif de parité.


Comment conciliez-vous une implication très forte dans le travail avec l’équilibre de la vie personnelle ?
Avec beaucoup d’organisation, de volonté et d’aide ! Chez Véolia, depuis 2013, beaucoup a été fait pour que les nouvelles technologies et les applications dans le Cloud permettent de gérer le travail en n’étant pas présent au bureau. C’est indispensable quand le périmètre de travail est mondial et que les enfants ne sont pas encore autonomes.


Vous avez, dans le contexte actuel, des responsabilités de gestion de crise. Avez-vous le sentiment que vous y étiez préparée ? Quelles leçons en retirez-vous pour l’exercice de votre métier ?
Cela fait dix-sept ans que je travaille dans des environnements complexes, dont certains sont en restructuration permanente, comme la sidérurgie, et la transformation majeure de Véolia m’a également beaucoup appris. Quand les problèmes sont identifiés, les objectifs d’optimisation dépendent de l’ambition du management. L’exécution des plans d’action de redressement nécessite du courage, du discernement, beaucoup de lucidité et un bon leadership !


Entretien réalisé le 31 juillet 2020

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