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Portrait de Carine Soulay, Conseillère d'Etat, interviewée par 50/50

Portraits

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06/05/2020

 Carine Soulay, Conseillère d’Etat, Assesseure à la 4ème chambre, Section du contentieux du Conseil d’Etat                                                                     Interviewée par ENA 50-50                                

                                                                                                                                       

Comment avez-vous conçu et orienté votre trajectoire professionnelle ?

Je me reconnais davantage dans la notion de parcours professionnel, car les termes « trajectoire professionnelle » sous-entendent un objectif de carrière ou un point d’arrivée précis, ce qu’il est difficile de maîtriser. Mon parcours professionnel s’est construit en partie grâce à mes choix – diversité de métiers (juge ; conseiller juridique ; manager) ; diversité d’environnements professionnels (Ville de Paris, Conseil d’Etat, SGAE, Commission européenne, DGAFP), développement de compétences qui ont du sens pour moi (notamment construction européenne et gestion des ressources humaines) – et aussi grâce aux opportunités issues des hasards de la vie et des rencontres.

Quelle a été votre expérience de l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique ? Cela vous a-t-il donné envie de vous engager pour cette cause ?

Ce qui me vient à l’esprit, c’est une forme de paradoxe. J’ai le sentiment de travailler depuis près de 30 ans avec des hommes de plus en plus conscients des enjeux d’égalité professionnelle et d’avoir pu assumer pleinement, dans chaque fonction que j’ai exercée, les pouvoirs et responsabilités qu’elle impliquait. Pour autant, je remarque que, comme beaucoup de femmes, j’ai douté de ma légitimité à exercer chacune de ces fonctions, ce qui m’a conduit à surinvestir le champ professionnel pour construire cette légitimité sur chaque poste et à ne jamais briguer, à ce stade, de fonctions de n°1 d’une structure. Je déduis de cette expérience que l’engagement en faveur de l’égalité professionnelle passe d’abord par le fait de faire évoluer ses propres « croyances » pour s’autoriser le niveau d’ambition auquel on peut légitimement prétendre et également par des actions très concrètes dont la réussite dépend de l’implication commune des hommes et des femmes.

Quelles solutions recommanderiez-vous pour promouvoir l’égalité F/H dans la fonction publique ?

Il faut d’abord rappeler que, notamment depuis 10 ans, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes a progressé grâce aux actions des agents publics eux-mêmes dans les trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière) et de leurs administrations, résultant aussi d’un dialogue social de qualité et d’une politique volontariste (loi « Sauvadet » de 2012 imposant une part croissante de femmes dans les primo-nominations sur emplois fonctionnels, protocole d’accord « égalité » du 8 mars 2013, accord relatif à l’égalité professionnelle signé le 30 novembre 2018 dont certaines mesures figurent dans la loi du 6 août 2019 sur la transformation de la fonction publique). Parmi ces mesures, l’obligation, pour les collectivités publiques le plus importantes, d’élaborer un plan d’action pour l’égalité professionnelle renforcera la cohérence de cet objectif avec les orientations de chaque collectivité et permettra d’identifier les actions les mieux adaptées à chaque environnement professionnel. Au-delà des mesures législatives et réglementaires, des actions concernant l’organisation du travail, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, les échanges entre pairs, le mentorat pour anticiper et accompagner l’accès à des responsabilités supérieures, me paraissent très favorables à ceux qui en bénéficient - femmes et hommes - et, au final, à une meilleure performance des collectivités publiques.

Quels conseils auriez-vous souhaité recevoir lorsque vous avez démarré votre carrière ?

Je crois davantage à l’inspiration que peut susciter quelqu’un dans son environnement de travail – leader, collègue, membre de son équipe – et aux conseils reçus au vu d’une situation donnée, qu’à des recommandations utiles en début de carrière en général. Cela dit, même si elle est très reprise et presque galvaudée, j’aime cette citation de René Char, dans « les Matinaux » : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront ».


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