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Portrait de Blandine Sorbe, Directrice déléguée Audit, contrôle interne et conformité, Paris 2024.

Portraits

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06/05/2020

Blandine Sorbe, Directrice déléguée Audit, contrôle interne et conformité au Comité d'organisation des JO Paris 2024    

Interviewée par ENA 50-50                                                                                                

                                

Comment avez-vous conçu et orienté votre trajectoire professionnelle ?

Je ne crois pas avoir jamais conçu ni orienté le moindre plan de carrière, en revanche j'ai toujours été guidée par le souci de me sentir utile à la collectivité et de travailler dans un environnement instructif et stimulant : d'où mon choix de rejoindre la Cour des comptes, puis d’œuvrer comme dirigeante dans le secteur de la culture et maintenant dans le monde du sport.

Quelle a été votre expérience de l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique? Cela vous a-t-il donné envie de vous engager pour cette cause ?

Dès mes premières expériences dans la fonction publique, j'ai été confrontée à des situations où le fait que j'étais une femme m'était soudainement rappelé par mes interlocuteurs masculins, dans des contextes professionnels où cela n'avait aucune pertinence : un homme que je rencontrais pour la première fois s'inquiétait avec insistance de savoir s'il fallait m'appeler Madame ou Mademoiselle, un autre vantait avec une bienveillance condescendante ma méthode douce dans le traitement d'un dossier (tout en m'en détaillant des aspects que je connaissais mieux que lui), un autre encore, pourtant âgé et peu mobile, me forçait à ralentir jusqu'à l'absurde pour pouvoir me tenir la porte...

Comme ma vie familiale, scolaire et privée avait toujours été très égalitaire, je n'étais pas préparée à cette sexualisation imposée de la relation de travail (bien différente d'un jeu de séduction, dont les règles sont partagées), par des hommes qui ne savaient manifestement pas se comporter autrement. Un tel paternalisme, apparemment anodin, peut à la longue s'avérer assez déstabilisant, voire aller, dans certains cas extrêmes, jusqu'à la disqualification de la parole ou à l'usurpation du travail d'une collaboratrice.

Quelles solutions recommanderiez-vous pour promouvoir l'égalité F/H dans la fonction publique ?

Mettre fin à l'asymétrie de perception entre hommes et femmes dans l'éducation des enfants, les hommes étant encore souvent vus comme d'attendrissants héros du quotidien quand ils s'absentent pour ce motif, tandis que prévaut encore une suspicion de moindre disponibilité des femmes, interprétée d'avance comme une productivité plus faible dans une conception culpabilisante encore très présentéiste et datée du monde du travail. Cela passe notamment par une banalisation des congés parentaux et du télétravail, et par une évaluation sincère de la performance, fondée sur les résultats obtenus plutôt que sur les seuls discours tenus.

Quels conseils auriez-vous souhaité recevoir lorsque vous avez démarré votre carrière ?

J'aurais aimé disposer d'outils pour répondre au sexisme ordinaire, car ils existent : la riposte humoristique, la surenchère qui permet de reporter sur l'autre la sensation de gêne, le rappel des faits, le recadrage... Heureusement, j'ai toujours pu aussi m'appuyer dans mon parcours sur des hommes et des femmes sensibles à ces questions, quel que soit leur âge, ce qui me donne l'espoir que nous traversons aujourd'hui une phase de transition vers une situation plus harmonieuse.


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